Un nouveau rapport de Save the Children alerte sur une « urgence éducative mondiale sans précédent »

Tuesday 14 July 2020

 

Dans le cadre de sa campagne « Sauvons notre Education », Save the Children publie ce jour 14 juillet un rapport pour alerter sur la situation de l’impact de la COVID-19 sur l’éducation. Pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, cette pandémie est venue s’ajouter à une crise d’apprentissage existante. Le rapport de Save the Children montre que la COVID-19 pourrait réduire le financement national et international en faveur de l’éducation. Le confinement mondial continuera probablement à avoir un impact significatif sur la croissance économique mondiale. Le FMI (juin 2020) prévoit une baisse de 4,9 % de l’économie mondiale. L’analyse de ce rapport suppose qu’une part des dépenses publiques allouées à l’éducation diminue de 10 %[1], en raison d’une nouvelle priorisation des dépenses vers d’autres secteurs. Save the Children redoute que la COVID-19 crée un déficit additionnel d'au moins 6,2 milliards de dollars dans les investissements dans l’éducation dans la région subsaharienne au cours des 18 prochains mois.

A l’instar de la République Démocratique du Congo, du Mali, du Niger ou du Nigéria, le système éducatif national du Burkina Faso était déjà confronté à des défis considérables en raison du contexte sécuritaires et de la crise humanitaire avec son corolaire de déplacements internes. La COVID-19 a donc exacerbé ces défis déjà très graves. Selon la Directrice Pays de Save the Children au Burkina Faso, « la pandémie de COVID-19 met en péril l'éducation, la santé et la protection des enfants, en particulier des filles. Environ 4 millions d'enfants ne sont actuellement pas scolarisés en raison de la fermeture des écoles, due à la COVID-19 au Burkina Faso. Des millions d’enfants sont restés à la maison pendant plus de 2 mois sans possibilité de continuer correctement leur éducation. Le lieu le plus sûr pour un enfant est l’école. Hors de l’école et sans éducation, les enfants sont exposés aux abus, à la négligence, à la violence ou encore à l'exploitation, et sont plus susceptibles, surtout les filles, d'abandonner complètement l'école. Il est donc urgent d’investir maintenant dans des systèmes d’éducation alternatifs pour atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enfants au niveau du pays ».

La fermeture des écoles en riposte à la pandémie pendant plus de deux mois a concerné plus de 20 000 écoles et a touché plus de 4 millions d’élèves privés d’éducation. Ce fut compliqué à supporter pour les enfants qui l’expriment clairement dans leurs témoignages. Pour Latty, une jeune fille de 17 ans engagée aux côtés de Save the Children pour la promotion des droits de l’enfant, « Après la fermeture des écoles du fait de la pandémie, on s’est tous posé des questions. On se demandait à quand la reprise des cours ? Les examens auraient-ils lieu pour nous qui sommes en classe d’examen ? Est-ce qu’il n’y aurait pas une année blanche ? A l’annonce de la nouvelle de la reprise des classes, nous étions tous contents mais en même temps nous étions tous inquiets parce qu’on se demandait comment reprendre les cours et comment rattraper le niveau que nous avions avant la fermeture des classes (…) ».

L’école est le lieu le plus sûr pour les enfants. C’est pourquoi Save the Children demande aux gouvernements et aux donateurs de répondre à cette urgence mondiale en matière d'éducation en investissant de toute urgence dans ce secteur pour appuyer fortement le processus de réouverture entamée des écoles. Autrement, le manque d'investissement dans l'éducation pourrait retarder, voire mettre un terme à l'éducation de millions d'enfants dans les pays comme le Burkina Faso où la situation socio-économique des familles a aussi été impactée.

Au Burkina Faso, le gouvernement à travers le Ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN) a élaboré un plan de riposte à la Covid-19 et de continuité éducative. Sur la base de ce plan, des décisions importantes ont été prises concernant l’éducation. On constate une bonne dynamique et une volonté de travailler à promouvoir les approches alternatives d’éducation, notamment l’expérimentation de l’éducation à distance comme la radio ou d’autres formes d’approches. Le Ministre de l’Education a d’ailleurs partagé l’expérience du Burkina Faso lors d’un forum virtuel organisé par Save the Children en partenariat avec l’Union africaine le 8 juin 2020 sur les impacts de la Covid-19 sur les enfants africains.

Bien que le gouvernement soit à féliciter pour les acquis déjà engrangés, d’énormes efforts restent encore à fournir pour assurer aux enfants du Burkina Faso une éducation continue, de qualité et résiliente aux chocs externes. Pour ce faire, Save the Children formule au gouvernement et aux acteurs associés les recommandations suivantes pour que des actions d’urgence soient entreprises :

  • Élaborer une stratégie claire et sensible au genre pour garantir la disponibilité d’options d’apprentissage à distance inclusives et à long terme pour tous les enfants ;
  • Veiller à ce que ces stratégies assurent la continuité par le biais de systèmes à faible coût, tels que des programmes radio, afin d’intégrer les plus vulnérables qui n’ont pas accès à la télévision et aux plateformes numériques, elles doivent également être faciles d’accès et dans des langues accessibles ;
  • Identifier et répondre aux besoins spécifiques des filles, qui sont les plus susceptibles de ne pas retourner à l’école ;
  • Intégrer des activités d’apprentissage social et émotionnel dans les programmes scolaires de toutes les formes d’enseignement alternatif à distance ;
  • Accroître le financement et le partage des meilleures pratiques éprouvées entre les plateformes régionales et internationales.

FIN

Contact media :

Save the Children Burkina Faso

Hubert OUEDRAOGO Hubert.Ouedraogo@savethechildren.org  Tel : +226 51 51 14 28


[1] Ce qui équivaut à une analyse comparable de la Banque mondiale en mai 2020