Communiqué de presse - Journée Internationale de la Femme
Chaque année, la commémoration de la journée internationale de la femme le 8 mars, vient rappeler la nécessité pour tous les pays d’œuvrer à reconnaitre, promouvoir et valoriser la contribution de la femme à l’édification d’un monde d’équité, de justice et de développement. C’est pourquoi le thème international retenu pour cette année 2019 est assez évocateur, tant les mots choisis sont chargés de sens profond. « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement ». Et dans cette logique, le Burkina Faso a retenu comme thème national : « contribution de la femme à l’édification d’un Burkina de sécurité, de paix et de cohésion sociale ».
Ce thème qui intervient dans un contexte national assez particulier souligne explicitement l’impérieuse nécessité d’impliquer la femme dans l’analyse et la résolution des problèmes sociaux. Mais il est clair que la femme ne pourra apporter significativement sa contribution que lorsque l’environnement dans lequel elle évolue lui est favorable et protecteur. Pour cela, nous devrons au préalable réussir le combat de l’élimination de toutes les formes de barrières, de toutes les formes de violences, de toutes les formes de pratiques néfastes et préjudiciables à la jeune fille appelée à devenir cette femme de grande valeur.
C’est pourquoi Save the Children saisit l’occasion de cette célébration pour susciter et engager, chacun en ce qui le concerne, à travailler à un épanouissement véritable de la jeune fille et plus particulièrement à œuvrer pour mettre fin au mariage d’enfants, qui, s’il n’est pas éliminé, compromettra la participation des femmes à l’effort de développement national.
On ne le dira jamais assez, la pratique du mariage d’enfants a des proportions inquiétantes au Burkina Faso, affectant des millions de jeunes filles. En rappel, le taux de mariage d’enfants est de 31,5% pour les adolescentes actuellement mariées, alors que 52% des femmes l’ont été avant l’âge de 18 ans et 10% avant 15 ans. Autant de millions d’enfants mariés, autant de millions d’enfances volées, autant de millions d’avenirs anéantis. Cette réalité préoccupante a amené Save the Children à développer des projets et à lancer le 25 septembre 2018 avec ses partenaires une campagne nationale, afin de contribuer à la promotion de l’abandon du mariage d’enfants. Jusqu’ici, nous travaillons en partenariat avec plusieurs organisations de la société civile dont Voix des Femmes, l’Association d'Appui et d'Eveil Pugsada (ADEP), SOS Jeunesse et Défis, l’Association des Enfants et Jeunes Travailleurs du Burkina (AEJT/B), l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina pour la Santé et le Développement (URCB/SD). Nous travaillons aussi en synergie avec la plateforme nationale de promotion de l’abandon du mariage d’enfants, sous le leadership de la Ministre de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire, de même qu’avec la coalition nationale contre le mariages d’enfants (CONAMEB) qui regroupe les acteurs intervenant sur la thématique.
A l’évidence, ce combat incombe à tous, et chacun doit y jouer sa partition. La situation est extrêmement préoccupante et interpelle suffisamment tous les acteurs. Tous autant que nous sommes, soucieux du devenir de la jeunesse burkinabè, avenir de la nation, nous sommes tous amenés à réagir face à cette situation.
Afin de garantir aux jeunes filles et jeunes garçons du Burkina Faso la pleine jouissance de leur enfance, Save the Children a identifié 5 recommandations pour plaider à une fin du mariage d’enfants au Burkina Faso que nous souhaitons réitérer en ces jours de commémoration de la journée de la Femme :
- Mettre en place un environnement juridique et législatif qui protège les enfants, en garantissant l’âge minimum de tout mariage à 18 ans. L’adoption du nouveau Code Pénal burkinabè le 31 mai 2018 par l’Assemblée nationale augure un réel espoir quant à la répression des personnes qui marient les enfants avant leur majorité. A l’inverse, le Code des Personnes et de la Famille est toujours en cours de révision depuis plusieurs années. La finalisation et l’adoption de la révision du code des Personnes et de la Famille en conseil des ministres puis au parlement pour relever à 18 ans l’âge minimum du mariage est un impératif urgent.
- Diffuser largement le nouveau code pénal et le nouveau code des personnes et de la famille une fois adopté et promulgué, pour faciliter leur appropriation au niveau communautaire et particulièrement au niveau des femmes et des filles. La large diffusion aidera à sensibiliser la communauté et à prendre en compte l’âge de 18 ans dans les projets de célébrations des unions, quelles qu’elles soient (religieuses, civiles ou coutumières).
- Investir davantage dans l’éducation en vue de renforcer l’accès et le maintien des enfants à l’école pour ainsi endiguer le phénomène du mariage d’enfants. Le gouvernement doit accentuer la scolarisation et la formation professionnelle et technique des filles notamment en milieu rural en mettant l’accent sur leur maintien le plus longtemps possible dans le système éducatif.
- Renforcer les messages de sensibilisation auprès des jeunes, filles et garçons, et renforcer le dialogue en famille pour une éducation sexuelle et reproductive responsable pour limiter les grossesses précoces.
- Travailler pour changer les attitudes et les comportements sur cette question au niveau des communautés avec les leaders traditionnels, religieux et communautaires afin de les sensibiliser au changement d’attitudes sur le mariage d’enfants et sur la valorisation et le renforcement des capacités des jeunes filles. Cela permettra de susciter la prise de conscience que le mariage d’enfants présente des conséquences graves pour la jeune fille. Il urge donc d’informer, de sensibiliser et d’interpeller les parents, les coutumiers et religieux sur les méfaits du mariage d’enfants et les inciter à s’engager à abandonner cette pratique pour le grand bonheur des enfants.
Save the Children demeure engagé auprès du Gouvernement et de ses partenaires pour améliorer les conditions d’existence de la jeune fille au Burkina Faso. Promouvoir l’abandon du mariage d’enfants est un combat commun pour un avenir meilleur au profit des femmes et des filles. Politiques, religieux, coutumiers, médias, influenceurs, parents et enfants, votre implication est nécessaire ; alors, agissons ensemble pour que plus jamais aucun enfant ne soit marié au Burkina Faso!
Emilie FERNANDES
Directrice Pays/Save the Children International Burkina Faso
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