Mettre fin au mariage d’enfants au Burkina Faso : Save the Children lance une campagne nationale et appelle à l’action collective

Sunday 14 October 2018

Au Burkina Faso, 52% des femmes ont été mariées avant 18 ans et 10% avant 15 ans. En réponse à cette situation préoccupante pour l’enfant, l’ONG Save the Children a décidé d’agir en coalition avec des organisations nationales, en lançant la campagne de la promotion de la fin du mariage d’enfants au Burkina Faso, le mardi 25 septembre 2018 à Ouagadougou. La coalition regroupe l’ONG Voix des Femmes, l’Association d'Appui et d'Eveil Pugsada (ADEP), SOS Jeunesse et défis, l’Association des Enfants et Jeunes Travailleurs du Burkina, l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina pour la Santé et le Développement (URCB).

 

Il s’agit de mettre en œuvre une série d’activités de plaidoyer, de lobbying et de sensibilisation afin d’interpeller toutes les couches sociales, les décideurs politiques, les parlementaires, les religieux, les coutumiers, les médias, les influenceurs, les parents et les enfants eux-mêmes, pour qu’ils s’engagent à mettre fin à cette pratique préjudiciable aux enfants, surtout aux jeunes filles. S’exprimant au nom de la coalition, la Directrice Pays de Save the Children, Emilie FERNANDES, a souligné que : « Le mariage n’est pas seulement une des pires formes de violence faite aux enfants, il a aussi des conséquences dévastatrices sur la vie de la jeune fille, qui effectivement met un terme à son enfance en la forçant à entrer dans le monde adulte et la maternité alors que son corps et son mental ne sont pas prêts. ».

Le lancement de la campagne a bénéficié de la présence de plusieurs acteurs, en l’occurrence des représentants du gouvernement, notamment le ministère de la Justice chargé de conduire la révision du code des personnes et de la famille pour fixer l’âge minimum du mariage à 18 ans sans exception. Parlementaires, autorités coutumières et religieuses, journalistes et blogueurs ont également apporté leur soutien à cette campagne, en s’engageant à soutenir la fin du mariage d’enfants. L’engagement formel de Maimouna Ouédraogo, députée à l’Assemblée nationale, en est une illustration : « nous sommes vraiment disponibles à voter des lois favorables à l’abandon de la pratique du mariage des enfants. Notamment la révision du Code des personnes et de la famille quand le gouvernement va nous envoyer ce projet de loi. Je suis sûre que vous avez l’accompagnement et l’appui de la représentation nationale pour voter favorablement ce projet de loi ».

Tout en saluant les efforts déjà consentis par le gouvernement burkinabè, la Directrice a émis des recommandations (voir l’intégralité dans l’encadré), notamment au Premier Ministre et au Président de l’Assemblée Nationale, dans le sens d’un renforcement du système législatif de protection des enfants à travers la finalisation de la révision et l’adoption définitive du Code des Personnes et de la Famille qui fixe à 18 ans l’âge minimum au mariage. A cela, il faut ajouter les campagnes de sensibilisation en vue d’un changement de comportement de l’ensemble de la communauté, car, affirme-t-elle, la promotion de « l’abandon du mariage d’enfants est un combat commun pour un avenir meilleur. ». La campagne pour l’abandon du mariage d’enfants bénéficie de l’appui technique et financier du Ministère Finlandais des Affaires Etrangères et de l’Agence danoise pour le développement international (DANIDA).

Lassana BARY

Advocay & Communication Officer

 

RECOMMANDATIONS DE SCI POUR LA FIN DU MARIAGE D’ENFANT AU BURKINA FASO

Afin de garantir aux jeunes filles et jeunes garçons du Burkina Faso la pleine jouissance de leur enfance, Save the Children a identifié 5 recommandations pour plaider à une fin du mariage d’enfants au Burkina Faso :

1.    Premièrement, mettre en place un environnement juridique et législatif qui protège les enfants, en garantissant l’âge minimum du mariage à 18 ans. L’adoption du nouveau Code Pénal burkinabè le 31 mai 2018 par l’Assemblée nationale augure un réel espoir quant à la répression des personnes qui marient les enfants avant leur majorité. A l’inverse, le Code des Personnes et de la Famille est toujours en cours de révision depuis plusieurs années. Nous souhaitons donc la finalisation et l’adoption de la révision du code des Personnes et de la Famille en conseil des ministres puis au parlement pour relever à 18 ans le mariage.

2.    Deuxièmement, diffuser largement le nouveau code pénal et le nouveau code des personnes et de la famille une fois promulgué pour faciliter leur appropriation au niveau communautaire. Si nul n’est censé ignorer la loi, tout le monde a droit de connaitre l’existence des lois. La large diffusion aidera à sensibiliser la communauté et à prendre en compte l’âge de 18 ans dans les projets de célébrations des unions, quelles qu’elles soient (religieuses, civiles ou coutumières).

3.    Nous sollicitons l’Etat afin qu’il encourage et accompagne les actions des partenaires de la société civile et bénévoles pour la promotion de la fin du mariage d’enfants. Un accent plus fort pourrait être mis sur le suivi des progrès enregistrés dans ce domaine.

4.    La quatrième recommandation vise à demander au gouvernement et à ses partenaires d’investir davantage dans l’éducation en vue de renforcer l’accès et le maintien des enfants à l’école pour ainsi endiguer le phénomène du mariage d’enfants. Le gouvernement doit accentuer la scolarisation et la formation professionnelle et technique des filles notamment en milieu rural en mettant l’accent sur leur maintien le plus longtemps possible dans le système éducatif.

5.     Pour la dernière recommandation, nous sommes conscients de la nécessité que ce travail légal et juridique s’accompagne d’un travail pour changer les attitudes et les comportements sur cette question au niveau des communautés avec les leaders traditionnels, religieux et communautaires afin de les sensibiliser au changement d’attitude sur le mariage des enfants. Cela permettra de susciter la prise de conscience que le mariage d’enfants présente des conséquences graves pour la jeune fille. Il urge donc d’informer, de sensibiliser et d’interpeller les parents, les coutumiers et religieux sur les méfaits du mariage d’enfants et les inciter à s’engager à abandonner cette pratique pour le grand bonheur des enfants.