1,5 million d'enfants font face à une crise nutritionnelle au Burkina Faso

Un tiers des enfants de moins de cinq ans du pays souffrent de malnutrition, avertit Save the Children.

Ouagadougou, 13 avril - Plus de 1,5 million[1] d'enfants de moins de cinq ans au Burkina Faso, soit plus d'un tiers[2] de tous les enfants de cette tranche d'âge, sont confrontés à une crise nutritionnelle, a averti Save the Children aujourd'hui.

Actuellement, près de 13 millions[3] de personnes ne disposent pas suffisamment de nourriture au Burkina Faso, dont près de la moitié sont des enfants. La violence a déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant le sort des enfants. 670 000[4] enfants ont dû fuir leur foyer avec leur famille, les régions de l'est et du centre-nord du pays sont parmi les plus touchées.

L'insécurité dans les zones rurales signifie que de nombreuses familles ne peuvent pas labourer leurs champs ou garder leurs animaux, deux sources principales de revenus et de nourriture. Par peur d'être attaqués ou recrutés par des groupes armés, de nombreux adolescents et hommes ne peuvent pas travailler lorsque cela implique de se déplacer au-delà de leur communauté. Cela laisse de nombreux ménages en situation de dépendance vis à vis de l'aide humanitaire, a déclaré Save the Children. 

Pour soutenir les communautés et les enfants les plus vulnérables, Save the Children a aidé plus de 170 000 enfants au cours de l'année dernière, y compris ceux qui vivent dans des camps de déplacés.

Fadimata*, 14 mois, a souffert de malnutrition suite aux attaques qui l'ont forcée à fuir avec sa mère Hawa*. Le soutien de Save the Children par le biais des espaces amis des bébés a permis à Hawa* d'améliorer la santé de sa fille.

"Quand je me suis rendue à l’espace amis des bébés de Kaya, j’ai pu participer à des démonstrations notamment sur la préparation de la bouillie enrichie et sur les soins pour les bébés. Fadimata* a recouvré la santé suite à cela. Avant d’y participer, je n’avais pas de connaissances sur l’alimentation des enfants et je n’avais jamais bénéficié de distributions de compléments alimentaires. J’ai pu constater les effets positifs sur mon enfant, les autres femmes aussi », a déclaré Hawa*.

Selon l'ONU[5], plus de 600 millions de dollars sont nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires croissants au Burkina Faso. Au cours des trois premiers mois de 2021, seulement 3,7% de ce budget a été couvert. Pour les besoins nutritionnels spécifiques, seuls 2,8 millions de dollars sur 46,4 millions de dollars ont été garantis, ce qui laisse un important déficit de financement, a averti Save the Children. COVID-19 a aggravé une situation déjà tendue, ce qui signifie que les enfants, particulièrement vulnérables, paient le prix le plus élevé.

"Nous devons nous concentrer sur les enfants malnutris, car leur bien-être, leur avenir ou parfois même leur vie sont en danger. L'insécurité croissante et l'impact du changement climatique aggravent le problème en perturbant la production alimentaire et l'économie des ménages. La situation oblige des centaines de milliers de personnes à se déplacer vers d'autres communautés pour vivre dans des familles d'accueil qui vivent déjà elles-mêmes dans des conditions difficiles. Cela signifie qu'il n'y a pas assez de nourriture, en particulier des aliments nutritifs pour les enfants", a déclaré Eric Hazard, Directeur national par intérim de Save the Children au Burkina Faso.

"Les conséquences de la malnutrition pourraient avoir un impact majeur sur l'ensemble du pays. Les enfants sont la prochaine génération. C'est maintenant qu'il faut agir", a conclu Eric Hazard.

Avec 3,5 millions de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire urgente cette année, Save the Children appelle le gouvernement et la communauté internationale à continuer tous les efforts pour répondre de manière urgente à la situation au Burkina Faso afin de sauver une génération d'enfants en danger et demande : 

- De donner la priorité aux besoins nutritionnels spécifiques des enfants dans les réponses humanitaires, afin qu'aucun enfant de moins de cinq ans ne meure de causes évitables. Cela inclut le financement du plan national de réponse humanitaire spécifiquement axé sur la nutrition ;

- D'assurer le maintien des services de nutrition dans les zones difficiles d'accès, y compris les mesures préventives, afin d'atteindre les enfants en situation d'urgence ;

- De concevoir des approches innovantes pendant la pandémie de COVID-19 qui encouragent les bonnes pratiques nutritionnelles à domicile, en particulier auprès des mères.

FIN

*Les noms ont été changés pour protéger les identités