Crise alimentaire au Burkina Faso : Save the Children mobilise environ 2 milliards de Francs CFA sur fonds propres pour répondre aux besoins des communautés, particulièrement des enfants
Le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays d’Afrique de l’ouest et du Sahel, traverse une crise alimentaire et nutritionnelle préoccupante qui touche plus durement les zones les plus impactées par la crise sécuritaire. Selon le Cadre harmonisé, le pays enregistre environ 3,5 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, une situation particulièrement aggravée du fait de la détérioration du contexte sécuritaire qui a entrainé à la date d’aujourd’hui le déplacement d’environ 2 millions de Burkinabè, dont environ 60% sont des enfants. A ce facteur majeur s’ajoutent le changement climatique qui entraine des poches de sécheresse et favorise l’avancée de la désertification dans certaines régions, et tout récemment la conjoncture internationale défavorable.
La crise alimentaire menace singulièrement les enfants, déjà vulnérables au regard des défis liés à leur épanouissement et à la jouissance de leurs droits. Sans une alimentation suffisante et un bon équilibre nutritionnel, les enfants risquent fort de souffrir de malnutrition aiguë, ce qui peut provoquer un retard de croissance, entraver le développement mental et physique, augmenter le risque de contracter des maladies mortelles et, en fin de compte, menacer sérieusement la vie.
« Non seulement la vie des enfants est gravement menacée par la crise alimentaire et nutritionnelle, mais leur avenir l'est tout autant. Il est avéré que les pénuries alimentaires extrêmes poussent également les familles à prendre des mesures désespérées qui menacent le bien-être, la sécurité et l'avenir des enfants. Le retrait des enfants de l'école pour les faire travailler, la baisse du rendement scolaire, les mariages d’enfants et même l'enrôlement dans des groupes armés sont autant de risques qui deviennent réels lorsque les ménages manquent de nourriture », a dit le Directeur Pays de Save the Children.
Face à cette situation, il convient justement d’agir, et vite. Pour sa part, Save the Children International a identifié le Burkina Faso comme un pays prioritaire en matière de réponse à la crise alimentaire, en mobilisant sur fonds propres environ deux milliards de francs CFA pour aider les ménages et leurs enfants à faire face à la période de soudure. Ces fonds ont permis de réaliser des transferts monétaires (cash transfert) au profit de 5 900 ménages dans les régions du Centre-Nord, du Nord et du Sahel, et de toucher approximativement 29 500 enfants.
Cet investissement vient en appui aux programmes déjà mis en œuvre par Save the Children grâce aux financements des bailleurs, qui ont permis de fournir une assistance alimentaire aux communautés affectées. Ainsi, au premier semestre 2022, nos interventions de transfert d'argent à travers les projets financés par les bailleurs ont touché 12 768 ménages, soit près de 93 000 personnes, parmi lesquelles on compte environ 51 000 enfants. Outre le transfert monétaire, des activités génératrices de revenus au profit des femmes et des jeunes ont été réalisées. Celles-ci incluent des interventions qui visent la reconstitution du cheptel pour renforcer les moyens de subsistance des ménages vulnérables dans le sahel.
« Quand nous sommes arrivés ici à Kaya, c’était vraiment la souffrance. Nous n’avions ni argent, ni à manger. J’ai abandonné l’école et je me promenais avec mes camarades sans pouvoir aller à l’école. Mais, grâce à l’appui de Save the Children, ma Grand-Mère a reçu de l’argent. Elle a pu me réinscrire à l’école. De nos jours, j’ai de quoi manger, je pars maintenant à l’école », se réjouit Amssétou*, 10 ans.
« J’ai perdu mon époux à la suite d’une attaque de notre village par des hommes armés alors que nous étions mariés depuis seulement trois ans. Dans ma fugue avec notre seule enfant (un nourrisson de quinze mois), j’ai trouvé refuge à Kaya et grâce à l’intervention de Save the Children, j’ai bénéficié d’un transfert monétaire avec lequel j’ai décidé de me lancer dans l’élevage. A présent, j’emploie deux personnes qui m’aident à développer mon activité », relate Delphine*, une jeune veuve de 33 ans.
Comme le disait la fondatrice de Save the Children, « Toute guerre est une guerre contre les enfants ». Alors que nous célébrons ce 19 Août la Journée mondiale de l’aide humanitaire, nous devons tout mettre en œuvre pour éviter que les enfants ne souffrent de faim et de malnutrition, ni maintenant ni dans l'avenir. Pour ce faire, les acteurs devraient continuer à unir leurs forces, et à s’engager à mobiliser les ressources nécessaires pour dérouler efficacement les programmes au profit des communautés, particulièrement des enfants.
* Pour les besoins de l’anonymat, des noms d’emprunt ont été attribués aux bénéficiaires cités.