Journée mondiale de l’aide humanitaire : Apportons aux enfants du Burkina Faso l’aide dont ils ont besoin et à laquelle ils ont droit

Wednesday 19 August 2020

Ce jour 19 Août 2020 est célébrée la Journée Mondiale de l’aide humanitaire. Il s’agit d’une journée dédiée à toutes ces personnes qui, chaque jour, font preuve de courage et d’altruisme en travaillant dans des conditions extrêmes souvent au péril de leur vie pour apporter sourire, joie et espoir à des personnes en situation de détresse. Selon les Nations Unies, « En 2020, près de 168 millions de personnes auront besoin d’une assistance humanitaire et de protection ». Au Burkina Faso, la situation humanitaire s’est rapidement détériorée, créant plus de 900 000 mille personnes déplacées internes, dont environ 60% sont des enfants. Cette année, la Journée mondiale de l'aide humanitaire intervient alors que le monde est secoué par la pandémie de la COVID-19, qui a redéfini les priorités et les investissements. Dans ce contexte, les travailleurs humanitaires surmontent des obstacles d'accès sans précédent pour continuer d’apporter une aide vitale aux personnes en situation de crise humanitaire. Sans oublier les ressources qui sont généralement insuffisantes, voire même inexistantes, face à des besoins qui sont de plus en plus énormes.

Du fait de leurs spécificités à bien des égards, les enfants sont les plus vulnérables dans les situations de crise humanitaire qui remettent facilement en cause leurs droits fondamentaux. Par exemple, le doit à l’éducation est compromis pour les enfants dans les zones à forts défis sécuritaires ou contraints à des déplacements internes. Au mois de juin 2020, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) faisait état de 2 512 écoles fermées, privant ainsi plus de 350 000 enfants d'éducation. Anne et Arouna[1] sont dans un site de personnes déplacées internes à Pissila, commune rurale de la province du Sanmatenga, région du Centre-Nord, après avoir été obligés de fuir leur village du fait de la situation sécuritaire. Ils n’ont plus accès à l’éducation. L’air très inquiet, Arouna raconte : « Nous avons fui notre village en raison de l’insécurité. J’étais en classe de CM1. Mais depuis que je suis arrivé ici, je ne peux plus étudier. Tous mes cahiers et livres sont restés là-bas. Et je n’ai aucun papier sur moi qui peut justifier que j’ai fréquenté ailleurs. On a tout abandonné là-bas dans notre fuite. Sincèrement, quand je me couche la nuit, je n’arrive même pas à m’endormir. Quand je pense que je n’arriverai plus à faire ce que je faisais, ça me fait vraiment mal au cœur. Je pense que cette situation compromet ma vie car l’école allait permettre d’améliorer ma vie, mais voici qu’on ne peut plus y aller ».

La voix de Anne, chargée également d’inquiétude et d’amertume, traduit difficilement son vécu, et laisse entrevoir un désespoir : « Avant, on pouvait jouer comme on le souhaitait, mais ici ce n’est pas possible.  En plus, notre vie n’est plus aussi intéressante comme avant. Je n’ai plus d’amis. J’ai envie de repartir dans mon village pour reprendre la vie que j’avais avant. Je faisais le CM2. Je n’ai pas pu passer l’examen alors que j’étudiais bien en classe. J’aimerais bien reprendre les cours. Je souhaite qu’on rouvre les classes car j’ai envie de repartir à l’école. J’aimerais qu’on m’aide à repartir à l’école ».

En tant qu’organisation de défense et de protection des droits de l’enfant, Save the Children s’inquiète de la vulnérabilité des enfants face à la crise humanitaire. Les enfants sont ceux qui paient le plus lourd tribut, quels qu’en soient la nature, l’ampleur et les acteurs d’une situation de conflit. S’ils n’y perdent pas la vie, leur développement physique, mental et psychosocial est compromis. C’est pourquoi il urge de tout mettre en œuvre pour renforcer la réponse humanitaire au Burkina Faso afin de soulager les populations, plus particulièrement les enfants. Pour cela, Save the Children formule les recommandations suivantes :

  • Aux principaux bailleurs :

 

  1. Accroitre le financement de la réponse humanitaire. Les besoins engendrés par la crise restent énormes. Inversement, les financements sont insuffisants, ce qui limite les capacités des acteurs à dérouler les interventions.

 

  • Au gouvernement :

 

  1. Maintenir l’intérêt en ce qui concerne la crise préexistante afin d’atténuer son impact sur les personnes déplacées internes, surtout dans le contexte de la saison hivernale. La Covid-19 ne saurait éclipser la crise humanitaire. Pour cela, le gouvernement doit s’assurer du maintien de ses activités humanitaires destinées aux plus vulnérables, y compris les activités d’enregistrement des nouveaux cas de déplacés, notamment les enfants. Il est primordial que tout enfant, où qu’il soit, puisse bénéficier de l’aide dont il a besoin pour rester en sécurité ;

 

  1. Faciliter l’accès humanitaire aux zones concernées et veiller à ce que les organisations soient en mesure de maintenir leur présence sur le terrain ;

 

  1. Au regard de la situation actuelle, s’assurer que la situation particulière des enfants soit prise en compte dans l’ensemble des interventions et que des mesures de protection des enfants à court, moyen et long terme soient envisagées pour éviter l’impact négatif du COVID-19 sur l’avenir de nos enfants et notamment les plus pauvres et les plus marginalisés ;

 

  1. Dans un contexte de Covid-19, la réponse humanitaire doit accorder une attention particulière aux filles, qui sont plus susceptibles d'être confrontées à un traitement disproportionné, qu’elles soient dans des sites de déplacés ou dans des ménages fixes. Le manque de ressources des parents, et le fait que les filles n’ont plus accès à l’école, pourraient les exposer à des formes de violences comme le mariage d'enfants. Le risque est que la situation actuelle marquée par la crise humanitaire et la Covid-19 sorte définitivement beaucoup d’enfants, plus particulièrement des filles, du système scolaire, comme nous l’avons constaté dans les témoignages des enfants rendus plus haut.

 

 
   

 

 

 

 

 

FIN

 

Contact media:

Save the Children Burkina Faso

Hubert OUEDRAOGO Hubert.Ouedraogo@savethechildren.org  Tel : +226 51 51 14 28


[1] Ce sont des noms d’emprunt pour les exigences de l’anonymat