Protéger une génération contre le COVID-19 : un programme d’action de Save the Children

Thursday 2 April 2020

 

 

 

Le coronavirus ne s’arrête pas aux frontières. Il représente une menace pour la Terre entière et notre humanité commune exige une réponse mondiale.

 Le virus a déjà des conséquences dévastatrices pour les enfants et leurs droits. Les systèmes de santé sont débordés, même dans les pays riches. Les économies glissent vers la récession. Les enfants ont vu leur éducation perturbée par la fermeture des écoles. Beaucoup d’entre eux risquent de tomber dans la pauvreté. L’incapacité à enrayer la propagation de la pandémie va anéantir la vie de millions de familles et d’enfants à travers le monde. Aujourd’hui, la pandémie atteint certains des pays les plus pauvres au monde et il existe un réel danger de voir régresser les avancées faites ces vingt dernières années et d’assister à la destruction des droits de l’enfant. Il existe pourtant une alternative.

 

Partout dans le monde, Save the Children redouble d’efforts pour apporter sa contribution. Nous constatons cependant qu’une action coordonnée à l’échelle communautaire, nationale et mondiale sur cinq fronts pourrait encore empêcher une catastrophe. Le meilleur moyen pour chaque pays de se protéger est de protéger les populations partout dans le monde. Nous devons en particulier exploiter la fenêtre d’opportunité qui commence déjà à se fermer en Afrique, en Amérique latine, dans le Pacifique et dans d’autres régions qui ne sont pas encore durement touchées. C’est l’heure pour les gouvernements, les institutions financières, les sociétés privées et les organisations comme Save the Children de faire preuve de leadership. Des millions de vies sont en jeu et les dirigeants à tous les niveaux doivent s’unir pour assurer :

  1. L’endiguement et l’atténuation de la maladie. Tout réside dans la rapidité d’action. Il est capital de prendre des mesures précoces et décisives visant à renforcer les systèmes de santé, afin que les populations puissent être testées, isolées et traitées, et que l’on puisse tracer les personnes qui ont été en contact avec des malades. Nous avons aujourd’hui besoin d’un unique plan d’action mondial coordonné pour soutenir les gouvernements nationaux et les communautés. Des mesures de prévention et d’endiguement tardives coûteront la vie à trois millions de personnes rien qu’en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. L’OMS, la Banque mondiale et d’autres institutions de l’ONU doivent s’unir derrière un unique plan de prévention et d’endiguement, incluant une coordination des tests, des équipements de protection et des financements pour les systèmes de santé publics, en particulier les travailleurs sanitaires, les services de soutien psychologique et les soins de santé primaires. Huit milliards de dollars de financements internationaux, au minimum, doivent être investis d’urgence dans une réponse de santé publique immédiate[i]. Les obstacles tels que la discrimination sexiste qui empêchent les femmes et les filles d’accéder aux services de santé doivent être surmontés. Les services privés devraient être intégrés dans le secteur des systèmes de santé publique et devraient être gratuits pour les enfants et les familles vulnérables, pendant la durée de la crise. Le soutien apporté aux réfugiés et aux populations qui vivent dans des contextes humanitaires et des pays frappés par des conflits doit être considérablement renforcé pour ralentir la propagation. Tout doit être fait, en outre, pour empêcher qu’il y ait davantage de morts, en assurant une prestation continue des services de santé de base indispensables à la survie des mères et des enfants.
  2. Financement mondial. Les pays les plus pauvres au monde n’ont pas les capacités financières nécessaires pour investir les sommes requises dans la santé publique ni pour protéger les citoyens les plus vulnérables (y compris les enfants) contre les répercussions socio-économiques qu’engendre le coronavirus.L’Afrique subsaharienne aura besoin, à elle seule, de cent milliards de dollars pour sa relance économique[ii]. L’heure est venue pour le FMI et la Banque mondiale d’utiliser leurs bilans en faveur des pays les plus pauvres et de protéger les plus vulnérables – et leurs principaux actionnaires devraient soutenir une action radicale. Les priorités incluent de protéger les enfants les plus vulnérables à travers des transferts monétaires et des dépenses publiques dans la santé, l’éducation et la protection sociale. Les bailleurs de fonds doivent protéger et accroître les dépenses consacrées à l’aide et les fonds apportés devraient être flexibles, dépensés de manière redevable et contrôlés localement. Un moratoire sur les remboursements des dettes débloquerait des ressources pour la lutte contre le coronavirus et aiderait les pays à apporter une aide d’urgence pour soutenir les finances des familles. 
  3. Soutien des finances des familles. Chaque pays doit mettre en place un soutien national en faveur des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, incluant la protection des emplois et la garantie des revenus familiaux. Un trop grand nombre d’enfants ont déjà basculé dans la pauvreté. Bien d’autres suivront si l’aide internationale et les budgets nationaux ne sont pas orientés vers les plus défavorisés. Une attention particulière doit être portée à l’émancipation économique des femmes, étant donné leur surreprésentation dans le secteur informel. L’aide internationale apportée aux entreprises doit être soumise à la condition que ces dernières conservent leurs employés et les bailleurs de fonds doivent adresser l’aide à des filets de sécurité nationaux.
  4. Éducation et apprentissage. La fermeture des écoles constitue un élément important de la stratégie d’endiguement du coronavirus. Les gouvernements nationaux et les bailleurs de fonds doivent prendre des engagements et des mesures concertées pour s’assurer que les 1,5 milliard d’enfants et d’étudiants qui ne peuvent pas aller à l’école ont accès à un enseignement à distance de qualité et sans danger, pendant et après la crise du COVID-19. Les enfants réfugiés sont exposés à des risques graves et le mariage des enfants pourrait augmenter.Les enseignants et les personnes qui s’occupent d’enfants doivent se préparer à assurer une reprise qui permettra à tous les enfants, y compris aux filles, de retourner à l’école lorsque cela ne représentera plus aucun danger. L’éducation joue un rôle clé dans la protection de la santé mentale des enfants en temps de crise et le soutien des enfants traumatisés et réfugiés doit être au centre des préoccupations.
  1. Santé et protection des enfants. Nous soutenons l’appel du Secrétaire général des Nations Unies qui demande aux forces et aux groupes armés à travers le monde de décréter immédiatement un cessez-le-feu mondial, afin que des réponses puissent être apportées et que les 415 millions d’enfants qui vivent dans une zone de conflit ne subissent pas d’autres préjudices. Les gouvernements et les organisations internationales doivent traiter les travailleurs sociaux et les acteurs humanitaires comme des agents essentiels. L’accent doit être mis tout particulièrement sur les mesures visant à prévenir et à remédier à la maltraitance et à la négligence d’enfants, ainsi qu’à la violence domestique et sexiste. Des transferts monétaires doivent être mis à disposition des familles qui protègent leurs filles contre le mariage des enfants et qui tiennent leurs enfants éloignés du marché du travail. Les obligations de respect des droits de l’enfant restent en vigueur dans une situation d’urgence et doivent constituer un élément essentiel de toute réponse d’un pays.